À la stratégie du best-of, souvent pratique, Sarah De Bondt oppose celle du mash-up et de la reprise pour son exposition Re-titled à l’école supérieure d’art & design Le Havre-Rouen. Exposer des travaux de design graphique, si l’on exclut les éditions destinées généralement à être transportées en d’autres lieux, s’inscrivant dans une commande particulière c’est les soustraire d’un contexte particulier.
Il faut saisir la résultante du travail graphique de Sarah De Bondt comme la sur-couche réfléchie à un cahier des charges (cf conférence à la maison de l’étudiant, Le Havre, 2011). Une résultante donc fine et précise voyant au delà d’une demande pouvant être perçue de superficielle.
Il s’agit là d’objets qui deviennent combinés, inédits. Nous sommes ici les spectateurs d’un assemblage parfois incongru qui n’est pas sans m’évoquer les fusions des véhicules des power-rangers. Cette stratégie d’exposition se joue de la muséotation en employant certains de ses artifices. Comment, à cet égard, ne pas être sensible à cette reprise du mobiler d’Enzo Mari qui lorsque qu’elle l’employa à la Barbician, avec les cimaises d’une précédente exposition consacrée à Le Corbusier, entrait dans le contexte du programme qu’était Radical Nature. Ici, nous en avons l’écho distant, repris, au bilan carbone probablement excessif. Le jeu autours du post-medium qu’évoquait Rosalind Krauss est opérant.
Il s’agit d’observer un champ de réorganisation esthétique que s’autorisent les acteurs de la production culturelle. Cette intervention n’est pas un historique de formes d’une pseudo- piraterie, lié à la notion de Ready Made, mais une classification d’actes d’abordages constitutifs de déplacements d’une œuvre permise par l’utilisation d’une technologie.
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